dimanche 4 novembre 2012

Thomas Köner "Novaya Zemlya"


















Thomas Köner
"Novaya Zemlya"
Touch, 2012.

Thomas köner est un musicien et ingénieur du son allemand en activité depuis plus d'une vingtaine d'années dans le cénacle de la musique électronique. Pour ce douzième album il nous emmène en Nouvelle-Zemble (nouvelle terre en russe) archipel appartenant à la Russie et situé dans la partie septentrionale du pays entre l'Océan Arctique, la Mer des Barents et la Mer de Kara. Un endroit aride, très montagneux, fait de glaciers, d'une toundra typiquement russe et où néanmoins près de 3000 personnes vivent encore, la plupart pour des motivations scientifiques. Fait notable, ces îles, après avoir été vidées de leur population dans les années 50, ont été le théâtre des expérimentations nucléaires de l'URSS jusque dans les années 90 avec notamment l'essai de 1961 dit de la « Tsar Bomba » plus grosse bombe H jamais réalisée, volontairement limitée à 50 mégatonnes, elle devait à l'origine atteindre la puissance de 100 mégatonnes, à titre d'exemple celle d'Hiroshima dégagea aux alentours de15 kilotonnes.
Le nord et ses déserts de glace est une thématique familière de notre cher cousin germain, thème que l'on peut retrouver dés ses premiers albums « Nunatak », « Teimo » et « Permafrost », sorte de "trilogie" rééditée dans le très beau coffret sorti en 2010 sur le label anglais Type.
C'est avec ce décor comme substrat que Köner réalisa ces trois pièces à l'atmosphère tendue et sombre, avec une économie en matière sonore qui force le respect et démontre encore une fois que le moins n'est pas l'ennemi du mieux. En près de quarante minutes c'est tout un paysage qui se déploie devant nos oreilles, un ensemble d'immenses étendues interrompues, ici ou là par quelques pics où l'homme n'est pas le bienvenu, un milieu dans lequel il doit jouer des coudes avec les éléments, se battre contre les vents, se déplacer sur une multitude de surfaces toutes plus inconfortables et instables que les autres, un de ces lieux où les points de repère s'évanouissent et où les écueil, nombreux, se multiplient. Les seuls éléments purement humains, voix présentes dans le deuxième mouvement et comme échappés des communications d'un brise-glace nucléaire russe, nous rappellent, par leur irréelles présences, comment la nature dans son acceptation la plus sauvage peut être belle et belle parce que sauvage.
Réalisée de main de maître, imbriquant les sons purement naturels aux nappes synthétiques noyées dans la réverbération, l'auditeur ayant cessé de démêler les uns des autres, Thomas Köner, au pupitre, réalise un magnifique film pour nos oreilles nous laissant pétrifié, intact et nu devant les majestés étalées. Un disque pour les amoureux des contrées glacées, dont votre serviteur et chroniqueur est un digne représentant.


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